Adam NIDZGORSKI
Vernissage du vendredi 6 octobre
L'allocution d'Anne-Marie COULOMB:
Il aurait vraiment fallu que je fasse preuve de mauvaise volonté pour
présenter Adam en évitant de parler des yeux et de la fonction du regard.
Pour plusieurs raisons :
La première et la plus évidente c’est que nous sommes capturés par des yeux, ici, sur tous les murs.
Les yeux du peintre…
Et l’autre raison c’est qu’il y a quelques années, j’ai eu l’occasion d’approfondir
un travail personnel sur « l’espace du regard ».
Je vais donc brièvement me laisser aller à interpréter ces regards qui nous
entourent et dire ce qu’ils évoquent pour moi.
1 – D’abord, le regard / attachement, c’est celui ,de l’amour entre la mère et l’enfant,
le tout petit qui regarde sa mère, fusion vitale, nourricière, car le regard et
la bouche du bébé ne font encore qu’un avec la maman. Et le regard de la maman mère
protectrice qui comprend comme par magie communicative les besoins de son enfant.
Puis un jour, à cet état primitif de la relation succède l'éloignement, la mise à distance.
L'enfant se regarde da ns le miroir et se reconnaît, avec émotion! Il s'interroge!
Et ses yeux sont peut-être aussi les nôtres, interrogateurs d'un monde qui nous surprend
et que nous découvrons toute notre vie.
2 – Ensuite, il y a des regards d'enfants ou des regards d'humains désespérés.
Des regards supplicateurs, comiques, quémandeurs, ironiques, profonds, bleus,
transparents, toujours.
Mon regard, le sien, le tien, le votre, celui de l'autre fondateur de la communication.
Sartre disait en parlant du regard: "Je ne suis pour moi que pur renvoi d'Autrui",
en clair, je n'existe qu'à travers le regard de l'autre.
Et cela me conduit tout droit à penser que le peintre est à la fois face
à son narcissisme, se mirant dans ses tableaux en interrogeant son propre reflet,
et aussi porteur d'une mission, d'un message qui l'obsède.
Avec Adam, c'est notre regard dans le sien, les yeux dans les yeux…
On peut évoquer les origines polonaises du peintre, et son travail nous rappelle
combien son pays a souffert. En ce moment, nous commémorons l'anniversaire du jugement
de Nuremberg (1er octobre 1946) et nous revoyons les horreurs commises dans les camps par les nazis.
La force du peintre est d'exprimer, grâce au pouvoir de l'image et à travers ces regards
un "je n'oublierai jamais", "n'oublions jamais".
Je finis par un petit texte poétique:
Je te regarde
Je voudrais me fondre
Dans ton œil rond et bleu
Qui reste bleu – bleu
Transparence fascinante
Surface plate
Qui m'engloutissent.
Je redeviens petite
Pourras-tu me dire un jour
Ce qu'il y a derrière ce bleu?
Je ferme les yeux
Distance
Quelques photos de cette belle soirée :
Photos J. Gronchi
Robert TOMASSIAN et Bernard RECAGNO ont sélectionné quelques-unes de leurs photos:
Photos r. Tomassian
Photos B. Recagno
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