Anne et Henri SOTTA " De la collection aux expositions " Centre d'Art Sébastien 12 boulevard Jean Jaurès - 83270 SAINT CYR sur MER Du 8 mars au 26 avril 2009 Ouvert de 9 à 12h et de 14 à 18h sauf le mardi. Voir des photos du VERNISSAGE Les motifs qui nourrissent le désir de collectionner sont nombreux et chacun d'eux appelle sans doute un éclairage particulier. Mais s'il en est un qui ne soit pas trop frelaté par le mimétisme social, s'il en est un auquel ramènent finalement tous les autres, c'est la joie, la joie enfantine devant l'objet porteur de beauté. Devant l'œuvre d'art – toujours surprenante – qu'il découvre au terme de sa pérégrination, le collectionneur retrouve un peu de cette émotion qui le saisissait, enfant, devant le jouet aperçu et magnifié par son imagination. Le voici à présent transposé, sublimé, dans un contexte où l'individu est enfin maître de ses choix. Devenu adulte, il peut maintenant donner libre-cours à son désir d'acquisition : tous d'ailleurs l'y encouragent. Collectionner, c'est précisément pouvoir s'offrir ce qui n'a pas, en substance, de prix : un émoi, un reflet de cette beauté idéale qui ne cesse de nous aiguillonner durant toute notre existence. De cette rencontre unique, l'œuvre achetée est la garante absolue. Elle fait corps désormais avec un cadre de vie – sinon un cadre de pensée. Mais pourra-t-elle toujours lui restituer le bonheur du premier regard ? Ne devra-t-elle pas s'éclipser tôt ou tard au profit d'une autre dans cette quête potentiellement infinie ? Point d'amertume, cependant, car elle élève l'esprit et donne un sens à cette durée humaine pleine d'aléas que l'on compare si souvent à un chemin. Et le collectionneur, vicaire de la création des autres, recrée ainsi sa propre vie, s'intègre à l'activité artistique de son époque (dont il devient même un maillon essentiel). Plus, il ajoute au monde une œuvre nouvelle : sa collection. Je ne crois pas qu'il en aille différemment pour Anne et Henri Sotta, couple heureux, doublement soudé par une commune passion pour l'art. Si, officiellement, leurs premières acquisitions remontent au début des années 80 (prudents, ils s'en tenaient alors à des expressions picturales plutôt conventionnelles : Brayer, Lombardi ou Baboulène), le goût d'Henri pour l'objet insolite est bien plus ancien. Longtemps officier de marine marchande, ses escales étaient déjà pour lui l'occasion de dénicher des curiosités esthétiques locales que nos tropismes d'occidentaux font qualifier d'exotiques. A partir de là, quoi d'étonnant qu'il se soit rapidement tourné vers des approches insolites, singulières, toute frontière entre les genres abolie ? Ne sont-elles pas la part de l'altérité dans notre système des beaux-arts ? Ce virage-là, ils ne l'ont jamais regretté car il a été, au fil des années, le vecteur de rencontres et d'amitiés étonnantes. Pour eux, en effet, l'humain est toujours présent derrière l'acte d'achat de son travail – bel exemple de commerce équitable – et les liens qui s'ensuivent sont aussi source d'accroissement personnel. D'où une forme familiale de mécénat qu'ils ont développée pour des artistes moins favorisés que d'autres par le jeu social. A chacun son engagement. Une collection importante - plus de 1000 œuvres recensées à ce jour - s'est progressivement constituée autour d'eux, face visible d'un cénacle artistique privé (quoique convivial). Là encore leur sens du partage a été le plus fort, car depuis quelques années, ils ont décidé de montrer à un nouveau public une partie de leurs trésors. Sans le moindre désir de vente car ils sont étrangers – faut-il le préciser ? – à toute visée spéculative. Cela a déjà donné lieu à plusieurs expositions remarquées (Châteauneuf-le-Rouge en 2007, Bédarieux en 2008). En 2009, c'est donc Saint-Cyr sur Mer qui sera leur havre provisoire. 66 œuvres, émanant de 65 artistes, y seront présentées pendant deux mois. Parmi eux, quelques noms réputés – Robert Combas, Jean-Jacques Ceccarelli ou Joseph Alessandri, - mais aussi des créateurs plus secrets, à la carrière moins florissante ou même encore en voie de reconnaissance. Voici, par exemple, Jean-Marie Zazzi et ses ambiances abstraites, fruits d'une peinture tachiste sur des surfaces très préparées. Roger Ferrara reflète, dans ses encres riches de personnages grivois, une certaine idée des tribulations citadines. Celles d'Yves Bresc, travaillées par un imaginaire surréaliste, ne sont pas moins fascinantes, quoique très différentes. Le Nen fait surgir, lui aussi, des êtres hybrides, monstrueux, dans l'esprit de Jérôme Bosch. Au contraire, Olivier Buser – tout comme Alain Crocq dans sa première manière – propose une peinture tout en aplats et en tons vifs, ce qui renforce l'impression d'une pseudo naïveté. Dans un tout autre style, les scènes musicales de Moss sont aussi pourvoyeuses d'une certaine douceur de vivre. Tandis que Roger Abate inscrit sa veine figurative dans un halo de mystère et d'évanescence. Mais il y a ceux aussi pour qui le tableau est inséparable d'une troisième dimension, comme Louis Pons, Jean-Paul Vacher ou Bruno Constant, tous maîtres en recyclage de poupées, outils et vieux chiffons. Que tous ceux que je n'ai pas cités ici me pardonnent car poursuivre cette liste nominative n'aboutirait qu'à alourdir cette présentation. Ils ne sont pas moins importants pour le succès de cette exposition et le lecteur pourra juger de leurs contributions dans ce catalogue. Qu'il prenne cependant le temps de voir dans le détail leurs travaux in-situ car rien ne peut remplacer cet exercice de découverte et d'appréciation. Qu'il n'oublie pas non plus d'élever sa vision à un plan d'ensemble – du particulier au général – , s'il ne veut pas passer à côté du projet et du mobile essentiel de cette fête de l'art vivant: le choix, généreux, amoureux, d'Anne et d'Henri Sotta. Jacques LUCCHESI - décembre 2008 - texte extrait du catalogue de l'exposition. Sont exposées à St CYR des oeuvres d'artistes de l'atelier et/ou qui y ont exposé: Un catalogue contenant les photos de toutes les oeuvres exposées a été édité, disponible dans la salle d'exposition et chez Anne et Henri SOTTA, ou en contactant par mail Jacqueline Gronchi: jagcln@orange.fr. Ce catalogue est l'un des derniers qu'ait réalisé Yves BOUCHER, graphiste et photographe, décédé le 28 février 2009, plongeant dans la peine ses proches et ses nombreux amis artistes. Voir aussi sur ce site les autres pages des expos de la collection SOTTA Hommage à Henri SOTTA décédé le 21 février 2013   MARSEILLE Polysémie 3, mars 2014 MARSEILLE Polysémie 2, mars 2011 MARSEILLE Polysémie 1, novembre 2010 La CIOTAT, avril 2010 La CIOTAT, Arts en Chantier - juillet 2009 St CYR, Centre d'Art Sébastien mars 2009 MARSEILLE Andiamo, Galerie Andiamo - mai 2009 CHATEAUNEUF-le-ROUGE, Arteum - mai 2007   accueil www.ateliercln.net |